Le dernier article de notre mini-série sur les bases de l’organisation du travail. Vous trouverez ci-dessous une liste de conseils et d’astuces supplémentaires provenant d’organisateur·trices expérimenté·es. Ils devraient compléter la méthode d’organisation que vous avez apprise dans les articles précédents.
Premièrement, NE PAS FAIRE DE MAL !
C’est le serment d’Hippocrate pour les organisateur·trices. Il s’agit de votre gagne-pain et de celui de vos collègues. Soyez patient·es, ne prenez pas de risques inutiles.
Tenez un journal !
Soyez cohérent·e, soyez à l’heure, et faites exactement ce que vous dites que vous ferez. Ne vous chargez pas de trop de travail et ne faites pas de promesses que vous ne pouvez pas tenir. Il est préférable de travailler un peu plus lentement que de se précipiter et de laisser des choses inachevées.
Faites en sorte que les gens soient actif·ves.
Les travailleur·euses se développent et prennent confiance en elleux grâce à l’activité. Quelqu’un·e est intéressé·e ? Préparez une petite tâche qu’il ou elle pourra accomplir (voir nos articles précédents sur la cartographie et les entretiens individuels pour des idées). Ne soyez pas condescendant·e, mais ne présumez pas non plus qu’il/elle sait exactement ce qu’il/elle doit faire. Commencez par de petites tâches faciles et augmentez-les.
Prenez vos collègues là où ils en sont.
Écoutez vos collègues et voyez d’où ils/elles viennent. Ne présumez pas de connaître leurs opinions et ne présumez pas d’en connaître les raisons. Essayez de ne pas radier totalement les gens s’ils/elles sont mauvais·es sur quelque chose ; il y a des chances pour que cela évolue…
Cependant, vous n’avez pas à supporter le sectarisme ou tout autre comportement abusif. Si un·e collègue vous manque de respect, vous pouvez demander à un·e collègue qui s’entend bien avec lui/elle de lui en parler. Sinon, cela ne vaut vraiment pas la peine de stresser, passez à autre chose et concentrez-vous sur de meilleurs collègues.
Il y a « reconnaissance », et il y a RECONNAISSANCE !
Être l’unité de négociation officielle avec une « reconnaissance formelle » ne signifie littéralement rien si les travailleur·euses ne peuvent pas la faire respecter. Cependant, si vous échangez des problèmes contre de meilleures conditions et que vous avez fait transpirer votre patron, vous êtes reconnu·es !
Un préjudice pour l’un·e est un préjudice pour tou·tes.
L’objectif est de déplacer le rapport de force du patron vers les travailleur·euses. Il est important d’aider quelqu’un·e dans un cas individuel tel qu’une mesure disciplinaire, mais cela ne changera pas les conditions générales. Le patron doit savoir qu’un problème individuel concerne tout le monde et que vous allez tou·tes causer des problèmes jusqu’à ce qu’il soit résolu.
Soyez prêt à subir des revers.
Tout ne se passera pas toujours comme prévu, mais ce n’est pas grave. Soyez patient·e ; les travailleur·euses, les patrons et les opportunités vont et viennent. Un événement inattendu peut faire pencher la balance en votre faveur. N’oubliez pas de continuer à vous immuniser pour que les revers soient moins dommageables.
Soyez positif !
Ayez le sens de l’humour ! Essayez de faire de l’organisation une alternative agréable au travail lui-même. Tous les travailleur·euses sont conscient·es de la gravité de la situation, mais il est inutile de s’y attarder. Essayez d’être positif ; votre vision, votre humour et votre conviction peuvent convaincre vos collègues que vous pouvez tou·tes gagner.
Organisez la classe ouvrière, pas la gauche.
Lorsque vous établissez votre carte sociale, vous pouvez noter si quelqu’un·e a une politique de gauche, mais il n’y a pas grand-chose à en tirer. Ne recrutez certainement pas un·e travailleur·euse dans l’équipe d’organisation du lieu de travail ou dans l’IWW sur la seule base de son identité gauchiste. La personne « apolitique » ou conservatrice à laquelle vous vous attendez le moins peut s’avérer être un·e excellent·e organisateur·trice, tandis que la personne qui parle beaucoup peut être tout à fait inutile !
Arrêtez les querelles idéologiques !
De même, ne vous laissez pas entraîner dans des querelles politiques / idéologiques / historiques. Démontrez votre méthodologie à travers votre activité. Il s’agit d’un point général pour tous les organisateur·trices et les militant·es ; ce que Lénine ou Kropotkine a dit sur tel ou tel sujet ne signifie rien s’il n’y a pas d’organisation en cours !
Soyez précis.
Travaillez vers des objectifs clairs et réalisables, avec des points de repère et des voies de réussite. Des objectifs vagues comme « sensibiliser » sont plutôt difficile à réaliser et à évaluer. Organisez-vous autour de choses qui améliorent la vie des gens. En outre, lorsque vous avez des objectifs clairs, il est plus facile de savoir ce que vous avez réalisé et ce que vous n’avez pas réalisé ; faites le point et savourez la victoire quand elle se présente !
Développez et respectez le processus collectif.
Réglez les désaccords ensemble, même si cela demande du temps et de la réflexion. Planifiez les choses collectivement. Les équipes organisatrices sont fortes lorsqu’elles disposent d’une pléthore de connaissances, d’expériences et de perspectives. De même, n’ayez pas peur d’être en désaccord, essayez simplement de ne pas être un·e con·ne à ce sujet !
Les manifestations sont nulles.
Au pire, ce sont des actes déprimants et déresponsabilisants de mendicité de masse. Au mieux, elles ont tendance à prêcher à des converti·es et n’engagent que rarement un public différent. Ne tombez pas dans le piège de l’incessant « saut de protestation ». Il y a beaucoup d’actions directes possibles que vous pouvez faire à la place !
N’oubliez pas de vous déconnecter !
Ne comptez pas sur les médias sociaux pour vous organiser ; vos communications finissent par dépendre des algorithmes et vous risquez de ne pas savoir qui a vu quel message. Créez des arbres téléphoniques, des listes d’adresses électroniques, frappez aux portes. Essayez le Wobchat de l’IWW ou le Forum Interwob. En fin de compte, rien ne vaut de parler aux gens directement, face à face !
Traduit de l’anglais par IWW Bruxelles. Original ici.
Cet article fait partie d’une série : Les bases de l’organisation.