Voici le troisième volet de notre mini-série sur les bases de l’organisation sur le lieu de travail. Jusqu’à présent, vous avez appris à cartographier votre lieu de travail et à avoir des conversations en tête-à-tête avec vos collègues. Maintenant, vous devez former une équipe capable de lutter contre le patron !
Former l’équipe.
Grâce à votre carte sociale et aux conversations que vous avez eues avec vos collègues, vous devriez être en mesure d’identifier les collègues qui sont dignes de confiance, influent·es sur le lieu de travail et qui veulent faire quelque chose pour résoudre les problèmes. Ces collègues constitueront la base de votre équipe d’organisation du lieu de travail.
La première étape consiste à les réunir, à organiser une réunion pour vous présenter et à planifier un ensemble de tâches permanentes. Vous devriez essayer d’inclure ces collègues dans la cartographie que vous avez déjà commencée, et les aider à avoir leurs propres conversations en tête à tête avec d’autres collègues. Invitez-les à l’IWW pour que vous puissiez tou·tes suivre une formation et recevoir un soutien continu ! Mettez-les au courant pour que vous puissiez commencer à agir comme une véritable équipe !
Maintenant que vous avez une petite équipe, vous devriez pouvoir vous déployer sur le lieu de travail. Utilisez toutes vos compétences, vos contacts, vos relations et votre influence ! Parlez à des collègues de différents départements, zones, langues et groupes sociaux, et renseignez-vous sur les principales questions qui se posent sur le lieu de travail.
Vous devriez vous réunir régulièrement pour discuter des progrès réalisés et pour vous soutenir et vous encourager mutuellement. Après chaque réunion, chacun doit avoir une tâche à accomplir au cours de la semaine. Ces tâches n’ont pas besoin d’être décourageantes ; elles peuvent être aussi simples que de trouver un numéro de téléphone pour l’un·e des employé·es de la cuisine qui semble assez sécure. Essayez de trouver un équilibre qui permette à chacun·e de s’impliquer et d’être apprécié·e, sans pour autant s’épuiser. Il n’est pas nécessaire de se précipiter, allez à votre propre rythme et soyez durable. Mais ne soyez jamais bavard !
Continuez à inviter des collègues dignes de confiance dans l’équipe. Vous commencerez à rassembler une liste de griefs communs et vous aurez une idée des groupes et des individus qui sont en colère et veulent faire quelque chose. Il est maintenant temps de penser à votre première campagne !
Votre première campagne.
Examinez votre liste de griefs. Quels problèmes affectent quel·les travailleur·euses ? Vous pouvez décider que vous avez besoin de plus d’expérience et de confiance avant de vous attaquer à un gros problème, vous pouvez donc vous entraîner en vous attaquant d’abord à un problème petit et simple. D’un autre côté, il se peut qu’il y ait un problème primordial qui touche beaucoup de travailleur·euses et pour lequel les membres de l’équipe de recrutement se sont réuni·es en premier lieu.
Il n’y a pas de schéma directeur parfait sur la manière de procéder, mais vous avez besoin d’informations sur le problème lui-même. De quoi s’agit-il spécifiquement ? Sur qui porte-t-il principalement ? Y a-t-il d’autres problèmes qui sont causés ou aggravés par ce problème ?
Réfléchissez à l’aspect POUVOIR : qui a la capacité de résoudre le problème ? Y a-t-il une raison pour laquelle ils/elles pourraient ne pas vouloir le changer ? Pensez à l’alternative, à ce que vous voudriez qu’il se passe à la place.
L’IWW préconise une stratégie d’escalade. Commencez par la tactique la plus simple, la plus facile, la moins risquée. Essayez d’envoyer une lettre collective signée par tous les travailleur·euses concerné·es, exposant clairement le problème et ce qui devrait être fait pour le résoudre. Indiquez une date à laquelle vous attendez une résolution.
Si cela ne fonctionne pas, vous devez progresser avec des tactiques qui se situent sur le terrain de l’action directe, en commençant par les moins risquées. Voici ici quelques tactiques d’action directe que vous pouvez utiliser. N’oubliez pas que vous pouvez faire beaucoup plus que la grève !
Attendez-vous à des actions antisyndicales. Votre employeur essaiera de vous empêcher de vous organiser et de faire campagne, légalement ou illégalement. Cela peut prendre de nombreuses formes : engager un consultant « indépendant » pour reléguer les problèmes aux oubliettes ; amener les travailleur·euses et les superviseurs à s’organiser contre vous ; organiser des réunions « en public » ; faire pression sur les travailleur·euses individuellement en leur racontant des histoires pour les dissuader d’agir ; et parfois vous licencier illégalement. Votre équipe d’organisation sur le lieu de travail doit se documenter et être consciente des différentes tactiques qu’un patron utilisera et » immuniser » vos collègues pour que ces tactiques soient moins efficaces. Le « Union-Busting Playbook » est une ressource fantastique que les organisateur·trices devraient apprendre à connaître.
Si vous avez réussi à contourner les manœuvres antisyndicales et que votre campagne est un succès, parlez-en à vos collègues ! Ces petites victoires ne facilitent pas seulement notre vie professionnelle, elles nous donnent confiance et montrent que nous ne sommes pas impuissants ! Vous pouvez informer vos collègues de vos victoires de manière subtile, afin de ne pas inciter le patron à exercer des représailles contre vous. Bien entendu, il est essentiel de continuer à immuniser vos collègues contre le fait que le patron peut commencer à briser le comité organisé à tout moment. Il n’est pas utile de dire au patron que « nous sommes un syndicat » tant que vous ne pouvez rien obtenir d’autre sans avoir besoin de le faire.
Dans cette mini-série, vous avez appris à cartographier votre lieu de travail, à parler des problèmes avec vos collègues et à former une équipe pour riposter ! Vous disposez désormais des outils de base pour renforcer le votre pouvoir de travailleur·euse !
Traduit de l’anglais par IWW Bruxelles. Original ici.
Cet article fait partie d’une série : Les bases de l’organisation.