Par Adam W.
C’était une chaude journée d’été avoisinant les 38 degrés Celsius. Je me trouvais dans la salle de réunion du temple Sikh de Stockton. Un homme d’âge moyen à la longue barbe fournie me demanda comment faire pour montrer aux autre camionneurs (ceux qui n’étaient pas à la réunion d’aujourd’hui) qu’est-ce que le syndicat et pourquoi ils devraient le joindre. J’ai beaucoup réfléchi pour arriver à lui donner une réponse qui serait à la fois claire et édifiante, et j’ai finalement improvisé une analogie qui, je crois, faisait bien le portrait de notre modèle d’organisation de solidarité syndicale en pratique : « Connaître le syndicat, entendre le syndicat, voire le syndicat !».
La voici :
Premièrement, il faut leur expliquer la situation en gros : « Voilà comment notre organisation fonctionne ; certains travailleurs vont connaître le syndicat, d’autres vont entendre le syndicat, mais certains doivent voir le syndicat. »
Si vous avez un crayon et du papier, dessinez trois cercles les uns à l’intérieur des autres (comme une cible). Dans celui du centre, écrivez « connaître », dans le suivant, « entendre », et dans le plus grand, écrivez « voir ». Vous obtiendrez probablement un froncement de sourcil général ou des « Hein ?» semblant vouloir dire « Mais qu’est-ce que cet-te organisateur ou organisatrice étrange du SITT-IWW veut bien vouloir me faire comprendre ?» N’ayez crainte, il s’agit en fait d’une bonne chose. Si vous obtenez cette réaction, vous saurez que les gens seront intéressés à entendre la suite de vos explications !
Adressez-vous à toutes les personnes dans la pièce et faites-leur comprendre qu’ils et elles sont les travailleurs et travailleurs qui connaissent le syndicat. Faites ressortir qu’ils et elles ont assisté à des réunions, ont initiés l’organisation de leurs milieux de travail et qu’ils ou elles ont peut-être déjà leur carte rouge. Par expérience d’en avoir marre, ils et elles savent que l’action collective est nécessaire pour mener des batailles au travail et qu’il s’agit de la définition même d’un syndicat. Ce groupe est généralement petit et est aussi le plus souvent celui qui entreprend chaque campagne.
Les personnes qui connaissent le syndicat parlent aux autres. Certaines des personnes à qui ils et elles parlent seront bientôt convaincues. Ces personnes sont celles qui entendent le syndicat. Elles ne seront peut-être pas présentes lors de la ou des première(s) réunion(s) ou voudront tout d’abord s’assurer qu’il s’agit d’une vraie lutte et pas seulement du mécontentement du moment, qui passera et n’aboutira pas, mais une fois que le processus sera mis en marche et qu’on leur demandera de participer, elles le feront. Il s’agit habituellement de la première couche de travailleurs et de travailleuses à se joindre à des comités d’organisation.
La plupart des travailleurs et des travailleuses sont dans le troisième camp, celui qui doit voir le syndicat à l’œuvre. Ces personnes ne se laisseront pas convaincre par nos efforts visant à les mobiliser en utilisant simplement des mots. Elles demeurent sceptiques que l’action collective de travailleurs et de travailleuses puisse réellement aboutir à la victoire. Elles ont probablement peur de perdre leur emploi ou ont peut-être déjà eu de mauvaises expériences avec des syndicats aux pratiques différentes de celles du SITT-IWW.
La méthode pour arriver à convaincre ceux et celles qui doivent voir le syndicat en action pour y prendre part est la suivante : Les personnes qui connaissent le syndicat créent et organisent les relations et du leadership parmi ceux et celles qui entendent le syndicat. Ensemble, les deux groupes passent à l’action et arrivent à livrer puis gagner quelques petites batailles. Cela démontre par la pratique ce qu’est et ce que peut faire un syndicat. Les autres travailleurs et travailleuses les voient à l’action et commencent à comprendre que le changement est réellement possible.
Pour ma part, je considère qu’il s’agit de l’un des concepts les plus utiles pour débuter l’organisation d’un milieu de travail. Tout commence par ceux et celles qui connaissent le syndicat, se poursuit lorsqu’ils et elles apportent ceux et celles qui doivent entendre le syndicat et se termine lorsqu’ensemble, ils mènent des actions qui permettent de faire bouger ceux et celles qui doivent voir le syndicat. À long terme, cela déplace progressivement les personnes qui devaient voir le syndicat dans le cercle de celles qui connaissent le syndicat, principalement parce qu’elles finissent par prendre part à l’organisation ou aux actions d’une façon ou d’une autre. Ce procédé bâtit le SITT-IWW et bâtit aussi une conscience de classe militante chez la classe ouvrière.
Cet article fait partie d’une série : Affaiblir la digue.
Ils ont été traduit par les SITT-IWW du Canada francophone les originaux en anglais sont disponibles ici