Par Nate H.
N’importe quelle personne qui s’entraîne de façon régulière sait que les résultats ne proviennent généralement que de deux choses : La persistance et le temps ! La même chose est vraie avec l’organisation de nos milieux de travail : L’organisation ne donne des résultats que lorsqu’elle persiste sur une longue période de temps. Cette persistance doit être systématique. Pour y parvenir, l’une des clés fondamentales est l’écriture !
Dans son histoire récente, le SITT-IWW a surtout organisé des milieux de travail relativement petits ou des unités restreintes à l’intérieur de milieux de travail plus grands. Dans de petits groupes de personnes, il est simple de se souvenir du nom de chacun et de chacune, de ce qu’ils et elles font et des expériences nous avons vécu-e-s avec eux etelles. Cela fait en sorte que nous prenions souvent l’habitude de tout retenir ou presque par cœur et de ne rien noter ou presque. Si cette façon de faire fonctionne dans de petits groupes, elle sera totalement inadéquate lorsqu’ils dépasseront les vingt ou trente personnes car il y aura à ce moment beaucoup trop de choses à retenir. L’autre problème de cette habitude est qu’elle rend difficile de bien évaluer ce qui se passe au travail ou en réunion car nos émotions modifient beaucoup plus notre perception des choses lorsqu’elles sont simplement stockées en mémoire que lorsqu’elles sont mises à l’écrit. Ainsi, dépendamment du fait que nous soyons pessimistes ou optimistes, il est possible que nous ne voyions pas certains progrès accomplis, ou, à l’inverse, que nous négligions d’importantes actions à faire ou erreurs commises.
Une activité qui devrait être systématique à n’importe quelle organisation devrait donc être celle de « dresser la liste ». Par dresser la liste, je parle de l’action consistant à mettre à l’écrit, lorsque les organisateurs et organisatrices d’une campagne se rencontrent, l’étendue de leur présence sur le terrain. Débutez avec une feuille de papier ; faites la liste de tous les lieux ou départements de votre campagne. Ensuite, faites la liste de tous les membres du SITT-IWW présent-e-s dans chaque lieu ou département de votre campagne suivie du nom des autres personnes avec qui vous êtes en contact, puis du nombre total de personnes à chaque endroit. À côté de chaque nom, inscrivez si quelqu’un a pris le temps d’avoir une bonne conversation individuelle avec la personne concernée, quand était-ce, et comment elle s’est déroulée. Vous pourrez bien entendu discuter de plus de détails que ceux qui seront inscrits dans cette liste à mesure que les gens parleront de ce qui a fonctionné ou non lors de leurs têtes-à-têtes. (Il s’agit aussi d’une excellente occasion pour faire des jeux de rôles à propos de ce que vous auriez pu dire différemment, mais c’est un sujet que je garde pour un autre moment).
Le processus de listage permet de prendre des décisions à propos d’à qui il faudrait parler, soit les personnes à qui nous n’avons pas parlé depuis longtemps, celles qui s’éclipsent lorsqu’on tente d’engager la conversation et celles à qui nous n’avons pas parlé du tout. Cela peut semble évident, mais les listes permettent de savoir exactement qui sont ces personnes. Faire des listes permet aussi de découvrir des trous dans nos connaissances, par exemple, de découvrir que personne ne sait combien d’employé-e-s travaillent dans un département en particulier lors du quart de nuit. Obtenir ces informations est une tâche qu’une personne nouvellement impliquée dans l’organisation peut facilement prendre et faire avec l’aide d’un organisateur ou d’une organisatrice plus expérimenté-e.
Sur une autre feuille de papier, écrivez les tâches à faire en vertu de la précédente liste. Déterminez qui fera chacune des tâches et qui s’occupera de veiller à ce que chacune de celles-ci soit effectuée.
Les listes écrites et les listes de tâches devraient être conservées après les réunions et idéalement être dactylographiées. Ainsi, à chaque nouvelle réunion et rédaction de liste, il est possible de comparer notre nouvelle liste avec la ou les ancienne(s).
Faites de même avec la liste de tâches pour vous assurer que toutes les tâches furent accomplies et pour discuter de la façon dont elles se sont déroulées. Ces mesures permettent de visualiser les progrès effectués (« dans le dernier mois, nous avons réussi à discuter avec quinze nouvelles personnes, nous en sommes donc à la moitié ! »), ce qui peut nous inspirer et nous motiver à continuer. Elles permettent aussi de découvrir certaines tendances qui auraient pu ne pas être identifiées autrement (« Nous parlons surtout à des personnes de race blanche, et beaucoup plus sur le quart de jour que sur n’importe quel autre»), ce qui aide à découvrir certaines lacunes, réfléchir à comment y remédier, et à déterminer d’autres tâches.
À moins que le travail d’organisation d’un milieu de travail ne soit fait de façon systématique, il se concentrera presque inévitablement sur les groupes de personnes avec qui nous sommes le plus à l’aise et en restera là ! Bien que le listage ne soit pas la seule composante nécessaire à une organisation systématique, elle en est cependant l’une des clés les plus fondamentales!
Cet article fait partie d’une série : Affaiblir la digue.
Ils ont été traduit par les SITT-IWW du Canada francophone les originaux en anglais sont disponibles ici