
Affaiblir la digue
9. Objectifs, puis stratégie, puis tactiques – partie 1 de 2
Par J. Pierce
Tout commence par des objectifs ; des petits et des grands ! Nos objectifs « ultimes » sont visionnaires : Ils sont nos grands rêves, inscrits sur le mur, qui nous regardent, et sont une source d’inspiration. Puis viennent les objectifs intermédiaires, les pierres sur lesquelles nous devons sauter pour traverser la rivière. Ces objectifs créent les conditions nécessaires à l’atteinte des plus grands et nous dirigent vers le droit chemin. Finalement, viennent nos objectifs immédiats, ceux qui se créent et s’atteignent au jour le jour. Ces objectifs sont les victoires que nous remportons une fois par semaine, par mois, ou une fois aux cinq ans. Atteindre ces buts rend nos vies meilleures et démontre notre pouvoir tant à nos ennemis qu’à nous-mêmes.
Ensuite, nous esquissons une stratégie. Cette stratégie devra nous mener à nos objectifs. Notre stratégie est pratique et doit anticiper de nombreuses possibilités.
Cette stratégie nous aligne dans nos objectifs au jour le jour vers nos objectifs de plus grande envergure. Si notre stratégie implante l’idée – et la réalité – du pouvoir aux travailleurs et travailleuses, nous déclenchons la possibilité d’accomplir tout ce que nous voulons. Cependant, si notre stratégie s’oriente uniquement vers nos objectifs à atteindre au jour le jour, sans faire de sauts vers les pierres suivantes, nous n’arriverons jamais à atteindre notre but ultime.
Finalement, nous choisissons des tactiques. Ces tactiques sont cohérentes et s’harmonisent avec notre stratégie. En considérant ces trois actions comme un groupe, nous préparons le grand changement. N’oubliez-pas : Objectifs, puis stratégie, puis tactiques ; c’est la base !
Plaçons-les maintenant ensemble à travers un exemple amusant sur l’industrie de l’alimentation : Notre grand objectif est qu’il y ait de la nourriture gratuite pour tous les êtres humains. Personne ne devrait avoir faim s’il y a de la nourriture et personne ne devrait avoir à payer pour un droit humain fondamental. Pourtant, nous avons déjà la capacité de produire assez de nourriture pour toute la population mondiale, mais les dirigeant-e-s des grandes entreprises se dressent sur notre chemin. Ils et elles retiennent l’entrée de la nourriture sur les marchés afin de garder les prix assez élevés pour rendre leur industrie profitable. Si les travailleurs et les travailleuses contrôlaient toute l’opération, soit de la ferme à l’épicerie, nous pourrions décider comment faire en sorte d’arriver à produire puis à distribuer la nourriture gratuitement et démocratiquement partout à travers le monde. Nous pourrions nourrir tous les êtres humains de la terre gratuitement et raccourcir nos semaines de travail par la même occasion !
L’objectif intermédiaire est que les travailleurs et les travailleuses arrivent à dominer les industries de l’élevage, de l’agriculture, des pêches et de tout ce qui attrait à l’alimentation. Si nous arrivons à contrôler la chaîne du début à la fin, nous serons en mesure de faire tout ce que nous voulons.
Notre objectif immédiat – ce qui est nécessaire pour nous nourrir aujourd’hui – peut consister en une simple augmentation de salaire pour un groupe spécifique de travailleurs et de travailleuses du secteur de l’alimentation. Les buts immédiats n’ont pas besoin d’être directement connectés aux plus grands. Les travailleurs et les travailleuses ont besoin de certaines choses pour survivre et pour prospérer et nous exigeons d’obtenir ces choses sous une base journalière. Nous utilisons les petits objectifs pour arriver à atteindre les plus grands. Comment y arrivons-nous ? Par une stratégie !
La stratégie, c’est le pouvoir des travailleurs et des travailleuses. Leur pouvoir dans chaque ferme, dans chaque usine de transformation, dans de chaque entrepôt, dans chaque étape de transport, chez chaque grossiste, épicerie et kiosque de fruits et légumes. Nous voulons qu’un esprit de guerrier s’implante sur chaque milieu de travail. Nous voulons que ce pouvoir soit coordonné à travers toute l’industrie, et cela mondialement. Nous voulons le pouvoir de changer les conditions et de dominer cette industrie mondialement afin de faire en sorte que rien ne se passe à l’intérieur de celle-ci sans l’accord de ses travailleurs et de ses travailleuses. Pour arriver à bâtir et obtenir ce pouvoir localement et dans toute l’industrie, ses travailleurs et travailleuses devront mettre en place des comités locaux et industriels afin de prendre des décisions collectives et de coordonner leurs actions.
Obtenir une augmentation de salaire pour un groupe de travailleurs et de travailleuses de l’industrie de l’alimentation ne signifie pas « capturer cette industrie ». Cette augmentation de salaire ne fait d’ailleurs avancer notre mouvement que si les travailleurs et travailleuses qui l’obtiennent par eux et elles-mêmes ! En effet, si quelqu’un d’autre le fait à leur place, leur confiance et leur pouvoir ne se sera accru d’aucune manière. Ce pouvoir ouvrier s’étend au-delà de l’organisation elle-même, il dépasse l’idée d’un simple syndicat et devient une culture interne généralisée de résistance dans laquelle les travailleurs et les travailleuses prennent conscience de leur pouvoir et agissent en l’utilisant constamment. Nous voulons que les travailleurs et les travailleuses de l’industrie de l’alimentation soient arrogant-e-s, ingouvernables, et explosif-ve-s ! Nous voulons qu’ils et elles se sentent autorisé-e-s à gouverner le monde (car un jour, ils et elles auront à le faire) !
Étant donné que bâtir le pouvoir des travailleurs et des travailleuses est la stratégie, nous devons développer l’habileté et l’expérience d’individu-e-s travailleurs-organisateurs et travailleuses-organisatrices dans toute l’industrie. Étendre la capacité d’avoir du leadership à de plus en plus de travailleurs et de travailleuses augmente le pouvoir de chaque sous-couche de l’industrie. Par conséquent, une partie de notre stratégie doit consister à former des travailleurs et des travailleuses et à bâtir un bassin d’expérience organisationnelle qui ne cesse de s’agrandir. Vous vous souvenez que notre objectif était d’avoir de la nourriture gratuite pour tout le monde ? Arriver à cet objectif impliquera de devoir développer une conscience révolutionnaire chez nos organisateurs et nos organisatrices. Le plus souhaitable serait que les travailleurs-organisateurs et travailleuses-organisatrices deviennent, à travers les grèves, les actions et les batailles menées, plus radicaux encore que leurs mentors. Par conséquent, ce développement individuel doit faire partie de la stratégie. Notre stratégie doit faire en sorte de changer les travailleurs et travailleuses dociles et obéissant-e-s en organisateurs et organisatrices, et de changer ces organisateurs et organisatrices en révolutionnaires. Nous formons des comités dans chaque lieu de travail et pour toute l’industrie qui nous aident à pousser nos luttes plus loin.
Dans la partie suivante, nous parlerons des tactiques que les travailleurs et travailleuses de l’industrie de l’alimentation peuvent employer. Quelles tactiques pourront accroître notre pouvoir, nous permettre d’avoir de plus écrasantes victoires, augmenter notre confiance, étendre notre conscience révolutionnaire et mettre tout en place pour l’atteinte de nos rêves.
Cet article fait partie d’une série : Affaiblir la digue.
Ils ont été traduit par les SITT-IWW du Canada francophone les originaux en anglais sont disponibles ici