par Max V. membre des IWW Bruxelles
Voilà plus de deux ans que les IWW Bruxelles s’organisent dans le secteur de la santé. Des travailleur·ses s’unissent et luttent pour améliorer leurs conditions de travail et salariales.
D’une petite poignée d’infirmièr·es, les travailleur·ses ont réussi, grâce aux outils des IWW, à s’organiser avec plus d’une trentaine de soignant·es pour faire face aux difficultés dues à la pénurie, le manque de moyens et la surcharge de travail.
Après plusieurs (petites) victoires qui ont permis de sortir du marasme en diminuant la charge de travail, le groupe de travailleur·ses a réussi à obtenir récemment une victoire conséquente ! En effet, après plusieurs actions, 200 infirmièr·es ont gagné une augmentation salariale allant jusqu’à 600€ brut !
Cette victoire a été rendue possible dans un contexte de pénurie importante de personnel soignant qui donne une force considérable aux infirmièr·es organisé·es ! Pour autant, gagner n’est pas automatique. Pour cela il faut lutter de manière coordonnée et, nous en sommes convaincu·es, avec méthode.
La méthode fut celle de la solidarité et de l’action directe collective comme enseignée lors des formations données par l’IWW Bruxelles. Ainsi, méthodiquement nous avons tenté d’appliquer les outils appris. Nous avons démarré à trois, discrètement, à se former, collecter les informations, cartographier notre lieu de travail, socialiser plus largement avec nos collègues. Ensuite nous avons démarré les têtes à têtes, afin d’étendre nos connaissances, nos liens et recruter pour le comité. Au bout d’une année nous étions une dizaine dans le comité et nous sommes retourné·es toutes et tous nous former auprès des IWW Bruxelles. Nous avons alors établi des revendications et un plan d’action crescendo en fonction de l’agitation des nos collègues. Là, nous avons commencé à mobiliser plus largement nos collègues et organisé une marche sur le patron, etc. etc. Ce fut un travail de longue haleine, de l’ombre, patient et discipliné. Pour le reste, malheureusement, peu de détails peuvent être donnés quant au contexte, aux actions et aux lieux afin de garantir la sécurité des travailleur·ses qui s’organisent mais sachez que le rapport de force a été créé par la base, sans intermédiaire, sans professionnel·les de la négociation (permanents syndicaux, etc.), et a permis de mettre une pression collective directement sur les cadres et la direction hospitalière. Cette pression nous l’avons voulue constante et grandissante pour ne laisser aucun répit à notre hiérarchie. Nous avions également toujours à l’esprit de rassembler une majorité des collègues concerné·es dans la campagne d’actions. Enfin, et en parallèle, le comité de travailleur·ses a œuvré à développer les liens sociaux et la solidarité dans les équipes à travers des moments plus informels qui ont renforcé les liens qui unissent les travailleur·ses entre elleux. Bref c’est cette solidité des rapports de solidarité et l’unité dans l’action qui est notre arme, et elle est redoutable !
Loin des médias, des mégaphones et des grandes mobilisations, ce fut une lutte discrète, comme se veut le syndicalisme des IWW. Rien ne sert de mobiliser au-delà de nos lieux de travail si nous ne sommes pas capables de nous organiser au dedans. C’est ce que nous avons fait et nous avons gagné.
Cette victoire est le résultat d’un an d’efforts avec des doutes et des contrecoups. En effet, le premier réflexe des directions est la répression et l’intimidation. Ils seront contre vous, vous mépriserons, vous saboterons, jusqu’au jour où, sans même que vous vous en rendiez forcement compte, ils accèderont à votre demande. Ainsi, tenez bon ! C’est votre détermination et l’usure qu’elle occasionne auprès de votre hiérarchie qui fera votre force. Aujourd’hui nous sortons de ce combat toutes et tous indemne et, mieux encore, renforcé dans notre volonté de construire notre pouvoir de travailleur·ses et d’aider d’autres à en faire autant. Effectivement, le secteur, malgré le manque de personnel, reste peu valorisé. Ce n’est d’ailleurs pas les années de covid qui ont changé la donne, tout au contraire, nous observons une nette augmentation de l’austérité budgétaire. Ainsi, cette première réussite donne de l’espoir et inspire déjà d’autres qui commencent à s’organiser ailleurs dans le secteur de la santé.
Bientôt, nous l’espérons, nous serons en capacité d’ouvrir une branche sectorielle Santé aux IWW Bruxelles et par ce fait améliorer la coordination des différents comités organisés dans le secteur, renforcer la formation, développer l’interprofessionnel et bien d’autres choses encore.